Livre : l'auteur de "Poison vert" retrouve la reunion

"Quoi de neuf depuis 44 ans ? ..."

Par Marine

Il aurait pu rallier le Sommet de la Terre à Jobourg comme nombre de ses amis. Patric Nottret a préféré, tant qu'à voyager, revenir dans le pays qui l'a vu naître et où l'ont invité de concert AGPACSSP et Grahter. Séquence nostalgie en restant dans le fil de l'actu avec la promo pays de son polar sur la biopiraterie.

Ce n'est pas parce qu'il cultive l'humour et la réplique "déconnante" au détour de sa conversation, que Patric Nottret est à court d'émotion en tombant de l'avion. Seulement il n'est pas du genre à nous faire un remake de "Perdu de vue" avec retrouvailles larmoyantes. D'abord, il ne vient retrouver personne de familier. Et puis, ça fait tout de même un bail qu'il a pris le large. "Il y a quarante-quatre ans que je ne suis pas venu ! Quoi de neuf au pays", lance-t-il mi-goguenard mi-hagard, vu qu'il n'a pas beaucoup dormi dans la bétaillère qui l'a transporté. "Vous savez qu'ils ont eu la bonne idée d'installer des écrans tous les trois mètres et de les laisser allumés toute la nuit ? Du coup pas question de fermer l'œil".
Le ton bougon de la formulation, est illico démenti par un sourire de gentil et on sent bien que, finalement, il est tout de même sérieusement attendri d'être ici le romancier.

Et aussi d'être accueilli par la presse. Ce n'est pas parce qu'il fréquente les studios où des PPDA et autre Ardisson le passent à la question, et que son "Poison" a défié les plumes littéraires les plus critiques de l'été que Patric Nottret joue les auteurs à succès. Il garde même une lucidité certaine sur le battage autour de son bouquin, certain que Laffont n'avait pas imaginé un instant qu'en deux mois son polar de débutant serait épuisé. "Mais quand même, ils l'ont publié, parce que ça leur plaisait. Là avec 71 400 bouquins vendus, ils n'ont plus qu'à relancer l'impression. Et moi à préparer le second ! Ce qui a plu ? C'est qu'il y ait un fond, et bien documenté qui plus est, derrière le policier, qu'on approuve le fond en question ou non", précise l'auteur en restant objectif.

UN FILM…

Ce qui lui plaît à lui, c'est que son sujet sur la biopiraterie rejoigne le champ d'une écologie qui commence à alimenter un débat important. "Même des magazines comme Valeurs Actuelles embrayent sur la question avec des titres comme "Les Verts ont menti"", s'étonne notre homme plutôt content d'être dans l'air du temps. "Poison vert" devrait d'ailleurs avant peu faire l'objet d'un film. "Mais motus sur le réalisateur pour l'instant", prévient l'écrivain. "On en est aux pourparlers. Je peux juste vous dire que ce serait un pro français et très connu", ajoute-t-il en souriant…

Quant au volume à venir, il tient à ce que la Réunion en soit la toile de fond avec, au cœur du mystère (car ce sera encore un polar), les menaces qui planent sur l'eau… "Pour l'instant, je me documente sérieusement. Il y a de quoi faire", annonce l'ingénieur qui vit toujours en lui. Un agronome pas dupe du tout de ce qui se trame à Jobourg. "Avec l'absence de nos amis américains, on sait tout de suite qu'il n'y a rien à attendre de vagues promesses et bonnes intentions pour se refaire une moralité tout en continuant à polluer la planète", résume un brin énervé l'ambassadeur de l'ADOME (voir encadré).

Il a beau sourire, c'est le côté noir du polar qui l'anime.

D'ailleurs ses histoires, qui passent sur les radios de la mère patrie (et même parfois sur RFO) avec la voix de Vincent Grass, sortent toutes de ce tonneau. A ce propos il nous dit que bientôt, en octobre, ses textes ficelés pour le duo Pieplu-Guiomar vont faire le grand saut jusqu'au théâtre. "On aura beau dire", c'est le titre de la série, fera l'objet d'une mise en pièces jubilatoires sur la scène parisienne. Pas étonnant que le "Poison" ait fait de l'effet. Son préparateur a le coup de main. Un bon coup de fourchette aussi si on a bien compris. Avec accointances de longue date en caris. "Et si vous connaissez un bon plan pour un cabri massalé, je suis partant ! …". Bon appétit et à suivre. Parce que, maintenant, on a le bouquin et on va enfin avoir le fin mot de l'histoire.

Lettre à Gorbi

Michel Giran, fondateur de l'ADOME, dans son courrier à l'ancien président de la Russie que Patric Nottret était chargé de rencontrer vendredi présente son association, spécialisée sur le thème "Internet pour le développement durable". Elle a mis en place un site web (www. plantecologie.org) qui recense environ 7 000 sites web sur toutes les thématiques liées à ce développement. L'ADOME est aussi membre du Comité 21 (www.comité21.org) et du collectif français Jobourg 2002 (www.rioplusdix.org) où est présenté en ce moment au Sommet de la Terre son CD audio "SOS Planet Earth" dont les 14 artistes-auteurs (Johhny Clegg, Touré Kunda, Youssou N'Dour, I Muvrini, Peter Gabriel, etc.) cèdent leurs droits pour financer des micro-projets de développement durable. Le savoir-faire de l'association (qui a déjà réalisé le CD "Earth Rise Rainforest" du Sommet de Rio en 1992) devrait intéresser le président de la Green Cross qu'est Gorbatchev, auquel l'ADOME propose un rapprochement.

Journal de l'île de la Réunion, 29 août 2002

Marie Lusinchi©2002