Patric NOTTRET   POISON VERT

 

Rencontre

L'ecoflic de Patric Nottret

Par Fr. M.

Ecoflic est la fonction qu'exerce Pierre Sénéchal (41 ans, 2 mètres deux, cheveux poivre et sel; tatillon et légaliste; s'empiffre de cassoulets / choucroutes bien arrosées et de fromages corses). Probablement le premier détective vert de la littérature (de grande consommation). D'où son rôle de protagoniste du Poison vert de Patric Nollet, que publie Robert Plaffont (367 pp., 22,75 €).

Un premier roman ?

Tout ce qu'il y a de premier. Cependant, je pratique la fiction depuis des années. Curieusement, Poison vert est volumineux (plus de 350 pages à la typo serrée), alors que je suis plutôt un spécialiste du court métrage puisque j'ai écrit de nombreux duos loufoques de 5 minutes, chrono en main.

Commandés par Radio France ?

Oui. Et magistralement interprétés par des comédiens comme Julien Guiomar et Claude Piéplu : c'est fou ce que de tels pros peuvent vous tirer d'un texte ! J'ai aussi écrit des pièces policières d'également 5 minutes : faut viser juste pour les chutes... Natif de l'île de la Réunion (en 53, et j'y ai vécu jusqu'à mes douze ans), je ne suis arrivé au polar qu'après un long détour par un bureau d'étude technique que j'ai monté, qui s'occupait de questions d'environnement, genre "reconversion des terrils". L'écologie c'est ma seconde... nature : l'entomologie, la botanique, tout ça m'enchante. Bien qu'agronome de formation (mais pas ingénieur, comme l'est Alain Robbe-Grillet), je n'ai pourtant jamais exercé sur le terrain.

Poison vert, en deux mots...

Après avoir visité Bornéo, Sumatra et Java (mais pas le Surinam où se déroule une partie du livre), j'ai voulu tenter une gageure : écrire un polar écolo, susceptible d'intéresser le lecteur aux chausses-trapes de la nature, au moment où on parle tant d'organismes génétiquement modifiés, etc. J'ai imaginé une brigade de répression des fraudes et délits sur l'environnement, composée largement de branquignols, qui doit notamment élucider l'exécution d'un conseiller en biotechnologie d'un laboratoire pharmaceutique mondial (à la solde duquel sont des pirates qui piquent du matériel génétique dans des pays pauvres : ça rapporte bien plus que n'importe quel méga hold-up). Je précise que je n'ai pas lu "La constance du jardinier" de John Le Carré.

Vos enquêteurs découvriront une monstrueuse machination...

A 90 pc, tout est plausible dans ce que je raconte. Je me suis beaucoup documenté, en bon internaute; tout vérifié deux fois plutôt qu'une. Ainsi, quand je parle de flèches empoisonnées en Amazonie, de grenouilles monstrueuses, d'hallucinogènes à partir de batraciens et autres phasmes, ce n'est pas de la science-fiction. J'ai voulu également rendre justice aux pouvoirs, aux connaissances de chamanes qui concilient le spirituel et une capacité extraordinaire d'utiliser les propriétés chimiques ou thérapeutiques des parties d'une même plante, mieux que n'importe quel botaniste universitaire. Et par la voix d'un de mes personnages, Louise Savignac, je dénonce l'arrogance scientifique de bon nombre de nos contemporains.

La Libre Belgique, le 5 juillet 2002

 


Marie Lusinchi©2002